mardi 19 janvier 2016

La rencontre (enfin) réussie de Ron Howard et Dan Brown.

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Autant je n'avais pas aimé l'adaptation de Da Vinci Code, autant j'ai clairement apprécié cette suite. Suite qui n'en est d'ailleurs pas une, puisque l'action d'Anges & Démons se situe chronologiquement avant, ce qui a été modifié dans le film, pour ne pas embrouiller tout le monde avec un retour en arrière. Sur le plan littéraire, j'ai légèrement préféré Da Vinci Code, qui me semblait plus progressif et plus intrigant. Cela voulait-il dire que l'adaptation d'Anges & Démons allait être encore plus mauvaise que la précédente ? C'est ce que j'ai cru pendant quelques temps, mais finalement ce n'était pas vraiment important, puisqu'à l'arrivée Anges & Démons surpasse Da Vinci Code sur beaucoup points. Ron Howard adapte encore l'histoire originale à la lettre, sans réelle patte personnelle ni parti pris par rapport au bouquin, mais disons qu'on le sent quand même plus maître de son film. Je l'ai visionné une nouvelle fois ce week-end, et je pense l'avoir encore davantage apprécié. Et pour la peine, si vous allez plus loin, vous serez spoilés

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L'histoire se prête bien à la création d'un suspens de bout en bout, enrichi par les superbes décors du Vatican et de Rome (faux décors, me souffle-t-on dans l'oreillette, puisqu'il a été impossible de produire le film dans son milieu naturel, faute d'autorisation donnée par la cité du Vatican. Tu m'étonnes). L'une des choses qui m'a le plus attirée dans l'intrigue, notamment dans celle du bouquin, ce sont les multiples éléments que j'ai pu y apprendre sur l'organisation du Vatican et de l'Eglise en général. Ne pratiquant aucune religion, il est toujours un peu foufou pour moi d'imaginer qu'une idéologie peut rassembler des masses derrière un guide, s'organiser en une communauté et instaurer des codes adoptés par chacun. Généralement, quand un roman de ce genre est adapté au cinéma, tout le monde monte au créneau avec sa petite banderole, et on entend finalement plus parler de la polémique que du film en lui-même.

L'intrigue est donc basée sur la dualité : il y a ceux qui se battent pour le savoir et "la lumière" (les Illuminati), contre la toute-puissance d'une Église qui peine à accepter les découvertes de la science. Il y a la personnalité double de Langdon, à la fois pas copain avec la religion et totalement admiratif du patrimoine religieux (un peu comme moi, c'est sûrement pour ça que je me suis autant attachée à ce personnage au cours des quatre tomes de ses aventures). Chacun de nous est capable du meilleur comme du pire, personne n'est tout blanc ou tout noir, et c'est aussi valable pour tous les combats et toutes les idéologies (ce qui est totalement d'actualité, malheureusement). La religion catholique est donc elle-même montrée dans sa dualité, engendrant le meilleur (monuments érigés, oeuvres bâties, valeurs d'amour et de tolérance prônées) comme le pire (rejet des idées contraires et du progrès de la société, scandales passés sous silence ...). D'ailleurs, le personnage du Camerlingue est l'exemple type de cette dualité : le vrai héros du film, c'est lui. Pour lui, la religion a été à la fois bénéfique et destructrice. "Pour qu'une religion soit infaillible, il ne faut pas qu'elle soit le fruit des Hommes", l'écrivait Dan Brown dans le roman.

On a beau connaître la fin si on a lu le livre, ça ne gâche en rien le plaisir ressenti tout au long du film. Les seconds rôles sont parfaits (bien que certains ne servent pas trop à grand chose), les scènes d'actions sont crédibles dans l'ensemble, bref on ne s'ennuie pas et on ne croule pas sous un monticule indigeste d'effets spéciaux. Le tout est également très esthétique, j'ai d'ailleurs trouvé certaines scènes dignes de tableaux, c'est un aspect très bien mis en avant. Ceci dit, on ne nous précise pas quelle église est concernée lors de l'épisode de la Fontaine des Quatre Fleuves, ce qui brise un petit peu la logique mise en place tout au long de l'histoire. Sans oublier un détail du bouquin qui m'avait frappée, mais qui ne figure pas dans son adaptation : le Camerlingue est censé devenir pape durant les quelques minutes avant son suicide, ayant été élu par l'ensemble des cardinaux qui le condamneront un peu plus tard. Je pense que c'est une question de sensibilité, mais j'aime bien voir mes passages préférés adaptés, et celui-ci était quand même un peu beaucoup important pour appuyer l'esprit du livre. De même qu'il est un peu dommage de ne pas avoir plus poussé la réflexion entre religion et science, puisque c'était également une grande part de l'intrigue imaginée par Dan Brown. Dans ce qui m'a fait sourire, je parlerais évidemment du magnifique parachutage du Camerlingue à la fin du film, pile poil à la seconde près, accompagné d'une musique très héroïque, un bel hasard digne du cinéma américain ... Chassez le naturel, il revient au grand galop ! Bref, ça commence comme un bon film américain, ça finit en apothéose comme un bon film américain, mais il y a tout de même pas mal de nourriture spirituelle dans tout ça, et ça fait du bien.

Cette BO est à tomber par terre.

Pour en savoir un peu plus sur les inspirations de Dan Brown, c'est ici : "Je n'écris pas pour les prix littéraires".

lundi 11 janvier 2016

"Look up here, I'm in heaven."

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2016, cette année qui commence en nous rappelant que personne n'est immortel. David Bowie me paraissait tellement peu humain que je ne l'imaginais pas mourir un jour. Une à une, les légendes tombent, mais j'ai l'impression que bien peu d'autres ne naissent.

J'ai découvert Blackstar le jour de sa sortie avec une joie immense, avec l'excitation de me préparer à une nouvelle expérience. J'aime Bowie, j'aime écouter Bowie, j'aime fredonner Bowie. Alors j'ai fredonné Blackstar. Comme il savait le faire, il m'a amusée avec le rythme de Tis a pity she was a whore. J'ai pensé que c'était merveilleux qu'un bonhomme de son âge soit encore capable de faire une musique aussi bonne et fidèle à ce qu'il avait été. Aujourd'hui, je repense à tout ça en me disant qu'il va quand même foutrement nous manquer.

Hier, je n'avais encore rien compris à l'album. Je ne savais pas que David Robert Jones faisait ses adieux et abandonnait son (ses) personnage(s) de David Bowie au reste du monde. Quand je réécoute Lazarus, je réalise seulement ce que je lis partout depuis ce matin. Je réalise seulement que Bowie est mort, parce qu'il le dit lui-même : "Look up here, I'm in heaven" "I'm trying too, I'm dying too". Le clip, que j'avais pris pour une énième marque d'affection envers l'esthétique un peu morbide, montre son agonie dans un lit d'hôpital. On connaît le besoin qu'à Bowie de millimétrer ses mises en scène, et la chanson prend finalement tout son sens, celui que j'ai longtemps cherché depuis la première écoute.


Pourtant, personne ne l'avait vu venir, il avait bien trompé son monde. C'était pas faute d'en parler, de la mort, à tel point qu'on pouvait la considérer comme deux intimes qui ne se feraient jamais de coups pendables. Tu parles. Et ça me fout les glandes, bien plus que je ne l'aurais pensé. Ça me fout les glandes de savoir qu'un de mes artistes préférés s'est tu à jamais.










Un petit mot pour la fin, résumant l'esprit de son oeuvre :


Et voilà, c'est bel et bien fini ... Salut l'artiste. Puisses-tu scintiller au-dessus de nous entre quelques poussières d’étoiles multicolores.