vendredi 23 septembre 2016

Le point sur Stephen King.


Puisque le monde vient de célébrer le soixante-neuvième anniversaire de Stephen King, c'est à mon tour de m'y coller, avec un train de retard et une idée pas vraiment originale (tellement pas que l'équivalent de cet article existe déjà sur les forums appropriés). Eh oui, pour ceux qui ne s'en doutaient pas, j'ai toujours été une fan en carton, et c'est d'ailleurs le cas envers tous les artistes que j'admire. Enfin bon, comme on dit, c'est l'intention qui compte, non ? 

Avant tout : si vous n'êtes pas vraiment fans de l'univers du "maître de l'épouvante", je vous conseille directement d'attendre qu'on passe à autre chose (ce qui sera rapidement le cas, n'ayez crainte). Si en revanche, vous avez écumé les adaptations qui en sont issues, que vous avez en votre possession au moins une étagère de livres copieusement garnie, et que vous passez des soirées entières à faire des quiz pour tester vos connaissances en la matière, vous devriez apprécier la lecture de ce dossier, dont les articles apparaîtront ici et là au fil des semaines. 

Si vous passez de temps en temps sur mon blog, vous aurez remarqué que ma lecture du moment, c'est toujours plus ou moins Stephen King, et ce depuis quelques années maintenant. Je ne pense pas avoir besoin de vous expliquer ce qu'une passion littéraire, quelle qu'elle soit, représente. La plupart d'entre vous ont grandi avec certaines références, comme ce fut mon cas. Je me rappelle avoir déjà passé une demi-heure dans la file d'attente de la FNAC parce que je ne voulais pas repartir les mains vides, avoir déconnecté de toute vie sociale pendant une semaine avec Rose Madder et m'être forcée à ne lire qu'un chapitre par jour de Shining. Tout ça pour ne pas voir se terminer les aventures de personnages que j'aimais tant, tout ça pour ne pas voir se terminer définitivement mon adolescence. J'ai découvert Stephen King en 2012, alors âgée de dix-sept ans. J'avais le même âge que Carrie, je me sentais tout aussi inutile, et comme beaucoup avant moi, l'alchimie a été immédiate. Mes proches ont toujours alimenté ma boulimie livresque, ravis de me voir me passionner autant pour quelque chose, sachant qu'un bouquin était toujours le plus sûr cadeau à m'offrir en n'importe quelle occasion (autant pour faire plaisir sous le sapin que pour enterrer la hache de guerre). En y réfléchissant à l'heure actuelle, je prends pleinement conscience du fait que l'écriture de King a évolué avec ses personnages, et c'est ce qui, à mon sens, donne autant de force à son contenu. Dans ses premiers grands succès (CarrieShiningChristineÇa), on retrouve certains thèmes liés à l'enfance et l'adolescence, comme l'omniprésence de la peur, mais aussi les dégâts pouvant être causés par l'entourage familial, le courage qu'il faut pour avancer à contre-courant en se sentant toujours un peu paumé, le mépris que les gens affichent à l'égard de ceux qui n'entrent pas dans le moule, la cruauté morale que la société encourage indirectement. Je pense que c'était exactement ce dont j'avais besoin à ce moment-là, même si ça peut paraître carrément maso.

J'avais prévu de faire un seul et unique article, une sorte d'anthologie, mais la bibliographie de Stephen King est un énorme pavé dont on ne peut pas se débarrasser comme ça. Pas avec un monde aussi riche et complet. Autant faire les choses en grand et vous proposer une petite palette sur le sujet, une série d'articles dans ma série d'articles initiale, en quelque sorte. En attendant, je vais me plier à quelques questions récurrentes qui m'ont été posées (notamment par le biais d'un groupe dont je fais partie, mais également par certains autres curieux). N'hésitez pas à y répondre vous aussi, mine de rien ça m'intéresse ! 

Afficher l'image d'origine

Ton roman favori, et celui que tu aimes le moins ?
Malgré cette désagréable impression de radoter à longueur de temps, le meilleur livre de Stephen King reste et restera pour moi Misery. Comme je vous le disais dans cet article, je l'ai adoré de bout en bout, j'ai été vraiment déstabilisée par toute cette histoire, déstabilisée et ravie. À l'inverse, ce qui m'a le moins emballée, c'est quand même Les Tommyknockers. Sûrement parce qu'il contient énormément de détails, sans parler du fait qu'il est sans doute plus adapté à un public réceptif aux phénomènes surnaturels. Me pondre un pavé sur les extraterrestres, c'est un peu comme donner de la confiture à un cochon, je suis tout bonnement incapable d'avoir un réel avis sur ce bouquin. Je sais seulement qu'il ne m'a pas passionnée et que je ne le relirai sans doute pas.


Ton héros favori, et le Méchant que tu préfères ?
Sans trop d'hésitation, je crois que mon personnage favori est Dolores Claiborne. Déterminée, protectrice, spontanée et fidèle, elle est pour moi l'incarnation d'une héroïne moderne écorchée par la vie. Comment ne pas se mettre à sa place ? Comment ne pas la considérer comme un modèle de courage et de féminisme, encore aujourd'hui ? Son histoire m'a énormément marquée, et je la considère bien plus comme une vieille amie que comme un simple personnage fictif. Quant aux fameux vilains qu'on aime détester, j'ai beau adorer la folie d'Annie Wilkes, elle ne m'inspire pas le tiers de crainte que je ressens en pensant aux plans machiavéliques de Leland Gaunt. Ce mystérieux antiquaire est complètement vicieux et malsain (rien de très surprenant pour une incarnation du Diable, me diriez-vous), manipulateur et méthodique, il ne recule devant rien. Il fait partie des rares personnages pour qui j'ai ressenti autant de fascination, sans pour autant ne jamais éprouver la moindre compassion à son égard.


Ton écrivain préféré, et celui que tu aimes le moins ?
Le meilleur écrivain selon moi est sans doute le plus prolifique, à savoir Thad Beaumont. J'ai pourtant beaucoup hésité avec Mort Rainey, mêlé à une histoire à la fois semblable et totalement opposée, mais on ne comprend que tardivement ce qui lui arrive et on ne peut pas dire qu'il foute vraiment grand chose d'autre que de sombrer dans la dépression. D'autant qu'il n'y a pas mieux que Beaumont pour symboliser ce qui se trame dans l'esprit de Stephen King, étant donné que c'est son personnage le plus autobiographique. A côté de ça, l'écrivain que j'aime le moins nous provient des Tommyknockers, que j'ai déjà cité plus haut. Parce que Jim Gardener n'a pas un passé vraiment joli-joli en matière de violence conjugale, et même s'il tente de se racheter une conduite, ça n'a pas suffit à mes yeux pour le rendre tout à fait sympathique.


Le moment le plus drôle ? Et le plus émouvant ?
Le moment le plus drôle pour moi reste le passage où on apprend que Bill Hodges se prénomme en vérité Kermit et que sa grande mission dans la vie a été de le cacher au plus grand nombre. Je me rappelle avoir franchement souri, c'est une anecdote qui m'a beaucoup amusée et qui m'a sans doute aidée à m'attacher très vite à ce flic parfois un peu caricatural. Quant au moment le plus émouvant, je n'arrive pas à me décider entre la mort de Norman (le mari détestable de Rose Madder), et celle de Joe (celui, tout aussi détestable, de Dolores). On se rend bien compte que quelque chose se brise en elles à ce moment là, qu'il n'y aura plus de retour en arrière possible : on ressent alors un tel soulagement chez ces deux femmes qu'on ne peut qu'y être sensible. C'est le genre de sujets qui me prend particulièrement aux tripes, et une fois encore ça n'a pas fait exception.

Afficher l'image d'origine

Le moment le plus triste, et la mort qui t'a le plus peiné ?
Il y a tellement de passages désespérants disséminés dans l'ensemble de son oeuvre que j'ai eu du mal à me décider. Mais je ne peux pas m'empêcher de pleurer comme un bébé à la fin de La ligne verte. Je me rappelle avoir versé une petite larme lors de la mort de John Coffey, mais ce n'était rien en comparaison avec la vieillesse de Paul Edgecombe et la culpabilité qui le ronge. On en ressort avec l'impression que la vie n'est qu'un cercle répétitif sans aucun sens, et je vous avoue que je n'avais pas spécialement envie de hurler de joie à ce moment là. Honnêtement, je pense que c'est l'un des bouquins les plus déprimants que j'ai jamais lus. Plus jamais je ne pourrai m'attendrir sur l'amitié sincère entre Edgecombe et Coffey, sans avoir un pincement au cœur en pensant à ce qui attend chacun des personnages par la suite. 


Ton passage préféré qui n'apparaît pas dans l'adaptation ?
Après de longues heures (non pas vraiment, mais quand même) de débat interne, je dirais qu'il s'agit du sacrifice que fera Jack Torrance pour protéger son fils de lui-même et des esprits de l'Overlook. On n'en sait strictement rien dans l'adaptation de Kubrick, puisque la scène a été complètement métamorphosée en quelque chose qui n'avait rien à voir. Enfin bon.


Quelle créature aurais-tu aimé être dans une autre vie ?
Je trouve qu'il y a quelque chose d'un peu orgueilleux à déterminer ce qu'on aurait voulu être, parce qu'on aimerait souvent y associer notre créature préférée, alors qu'on est souvent loin de posséder les mêmes qualités qu'elle. Si je pouvais choisir, j'aurais sans doute opté pour le Félidé, ou bien Christine (histoire d'être belle gosse une fois dans ma vie, vous comprenez). Mais je pense plus probablement correspondre à un animal qui réussit toujours à se sortir de situations pourries, quitte à y laisser quelques bouts de lui-même derrière. Un peu comme Mr Jingles, en fait. Pas très ambitieux, hein. 

The Green Mile Mr. Jingles:

Voilà pour ce premier article, je pense avoir déjà fait un peu le tour, l'air de rien. N'hésitez pas (genre vraiment) à me faire parvenir vos réponses dans les commentaires, et à très bientôt pour la suite de nos aventures Kingiennes ! 

5 commentaires:

  1. un superbe article! je te repondrai quand j aurais plus de temps mais ce sera avec plaisir! j ai beaucoup aime cette compil et hate de lire d autres articles
    le prochain sur stephen king est sur quoi?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense en écrire un sur "La ligne verte" et un autre sur "Carrie" et ses adaptations, dans quelques temps.

      Supprimer
  2. Très instructif je savais certaines choses et j'en ai appris d'autres (sur les livres de Stephen King forcément mais sur toi aussi hihi) Pour ma part je suis très mal placé pour m'adonner à ce petit exercice car je préfère de loin les adaptations ciné plus digestes à mon goût (je suis conscient qu'elles amputent beaucoup de choses artistiquement parlant) Je dirais quand même que le premier tome de CA à l'époque où je l’ai lu m'a filé de bonnes sueurs froides que je redoutais autant que je les savourais, sentiment que je n'ai pas trop ressenti après (ma façon d'honorer le King !) Il y a aussi Le Talisman co-écrit avec Peter Straub. Bien que je ne l'ai jamais terminé (mon prochain défi littéraire ?) il m'a donné d'excellentes sensations. Je me suis vraiment identifié au héros et j'aimais cette alternance entre deux mondes. D'ailleurs notre réalité n'est dans cette histoire pas plus belle que dans les autres avec son lot de détraqués en tout genre. Dire que King exprime le fait que rien ne peut être pire que vivre sur Terre avec des êtres humains n'est à mon avis pas exagéré. C'est d'ailleurs ce que j'ai voulu dire dans une nouvelle. Finalement on a des points communs :-)

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,
    Avant tout j'ai bien aimé ton article...toujours intéressant de voir la perception des autres autour d'un même centre d'intérêt, LOL.
    Je vais donc prendre un peu de temps pour répondre à certaines questions, car je ne suis pas sûr d'avoir autant de recul et de connaissances sur les personnages.
    1- Mon roman favori et celui que j'ai aimé le moins...
    Question compliquée car en fait il y a toujours un lien affectif entre un roman lu (d'un auteur qu'on aime) et la période à laquelle on l'a lu (tu abordes cette question d'ailleurs dans ton article). En y repensant, certaines périodes de nos vies nous rendent nostalgiques et nous y associons des moments, comme des romans (si on lit bien sûr).
    Pour moi, personnellement j'ai deux romans qui correspondent à cette "nostalgie" associée à des romans de Stephen King qui m'ont plu : Simetiere et Ça . Histoires bien ficelées avec des personnages et des situations interessante.

    2- Le mort de Norman est pour moi incontestablement un moment émouvant en effet. Je rejoins donc ton point de vue.

    3- Pour ce qui est du passage le plus triste, La ligne Verte est un roman intense en émotions et tristesse. Compliqué de ne pas le mettre en top de liste en effet,

    4- joker pour l'adaptation, je ne suis pas assez fort encore, même si je lis le King depuis l'âge de 14 ans...

    5- Joker aussi...bien que j'aime bien Les Yeux du Dragon...

    Je ne suis pas aussi pointu que toi mais je le souviens de mes lectures malfré tout.

    D'aillleurs en ce moment je lis Joyland...as-tu lu et aimé ? Je trouve que les personnages sont bien travaillés...

    J'oubliais, celui qui m'a laissé une très grosse impression : La Part des Ténébres...pour moi un des meilleurs.


    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout d'abord, merci pour ton commentaire, très complet et instructif, c'est toujours un plaisir de découvrir de nouveaux points de vue. Je baigne dans l'univers de King depuis quelques années, mais je suis bien loin d'en connaître tous les secrets ! J'ai lu "Joyland" dès sa sortie, oui, et j'en ai été très déçue, notamment à cause de la quatrième de couverture un peu mensongère. Je m'attendais vraiment à quelque chose de très flippant, et j'ai été un peu décontenancée. Du coup, ça ne m'a pas provoqué les sensations que j'en espérais. ;)

      Supprimer