mardi 20 septembre 2016

Stoker, cet OVNI cinématographique.

Cet après-midi, j'ai profité d'une flemme intersidérale (et de ma fameuse série d'articles) pour découvrir Stoker, de Park Chan-Wook, qui me faisait de l'œil depuis longtemps. Les affiches magnifiques et les quelques captures d'écran que j'avais aperçues m'avaient fait très bonne impression, il y avait donc peu de chances que je sois déçue au niveau esthétique. Mais qu'en est-il de l'intrigue ?

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Après avoir lu le synopsis, je m'attendais à des prises de bec larmoyantes dignes des drames familiaux, mais ce que nous offre Stoker est complètement à l'opposé des classiques du genre. Tout commence quand le père d'India est retrouvé mort dans sa voiture carbonisée, alors que la jeune fille s'apprête à souffler ses dix-huit bougies. Pas de bol pour elle, sa relation avec sa mère Evelyn n'a jamais été très concluante, et elle avait coutume de passer le plus clair de son temps avec son père, notamment autour d'une passion commune : la chasse. C'est précisément le jour de l'enterrement que le mystérieux oncle Charlie, frère du défunt, décide de réapparaître comme un cheveu sur la soupe et de s'installer chez les Stoker. Avec son sourire angélique à faire froid dans le dos et ses comportements quelque peu étranges, on soupçonne tout de suite Charlie de n'avoir pas vraiment la lumière à tous les étages. S'ensuit une collocation malsaine et intrigante entre les trois personnages, qui ne s'étaient jamais vus auparavant. Des liens vont alors se tisser progressivement entre Evelyn et Charlie mais aussi, plus curieusement, entre India et ce dernier. Cette rencontre va agir pour chacun comme un révélateur, ouvrant une boîte de Pandore qui ne pourra plus être refermée.

Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié le personnage d'India. Première de la classe, perçue comme bizarroïde par les autres élèves, elle est un peu renfermée sur elle-même, mais on peut dire qu'elle a quelques excuses. En effet, elle voit, entend et perçoit des choses que la plupart des gens ne remarqueraient même pas. Très douée pour les arts, on découvrira au fil du film ses deux passions : le dessin et le piano, qui occupent à eux seuls une petite partie du film. J'ai été touchée par le côté décalé et fascinant de Mia Wasikowska, qui donne pas mal de profondeur à un rôle qui aurait pu très vite tomber dans la banalité. On retrouve aussi Nicole Kidman dans la peau d'une mère instable et névrosée, qui en fait des caisses et tombe vite dans une espèce de caricature d'elle-même, pour ne pas changer. Pour contrebalancer un peu ce défaut de casting (même si, à mon sens, Nicole Kidman est pratiquement toujours un défaut de casting, et que j'ai conscience de ne pas être très objective), on peut souligner la performance de Matthew Goode qui campe majestueusement cet homme double, à la fois séducteur et dangereux.

 

Même si le scénario est un peu prévisible, il a le mérite de nous entraîner sur plusieurs fausses pistes, et on s'y laisse alors facilement emporter. Les scènes sont superbement réalisées, les décors et l'ambiance à couper le souffle, la musique de foufou accompagne le tout avec justesse : rien n'est laissé au hasard. Je craignais de me faire encore avoir par un film purement esthétique et vide de sens, mais fort heureusement, le réalisateur ne tombe pas dans le piège. Cependant, l'histoire prend un certain temps (voire un temps certain) à se mettre en place, insidieusement, et il faut s'armer d'une infinie patience avant de voir les premiers rebondissements se succéder. D'un autre côté, c'est justement cette attente qui permet de créer petit à petit le suspens, jusqu'à des révélations pour le moins surprenantes.

Bref, Stoker sort totalement des sentiers battus, faisant partie de ces films inclassables et apportant presque plus de questions que de réponses réelles : on en ressort sans savoir réellement quoi en dire ni quoi en penser. Etant donné que je tiens carrément à ce que vous vous fassiez votre propre opinion sur le sujet, je m'abstiendrai donc de vous spoiler à mort. Tout ce que j'ai encore le droit de vous dire, c'est qu'il faut absolument le voir au moins une fois, ne serait-ce parce que c'est l'un de mes plus gros coups de cœur de cette année (à ranger à peu près aux côtés de Prémonitions, Spectre ou Le pacte des loups, même si ça n'a absolument rien à voir, nous sommes d'accord).

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Et en prime, la petite BO qui fait du bien, ce serait dommage de s'en priver :


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