mardi 6 octobre 2015

Patrick Jane au pays de l'illusionnisme.

The Mentalist est au moins la cent-millième série basée sur le principe d'une équipe de flics qui résout des enquêtes, "mais c'est pas comme les autres séries parce que l'un des personnages est spécial". Spécial pouvant alors signifier un chien, un ex-criminel, un enfant, un médium, un vampire, un robot, un alien, un nain, un sandwich au tofu, un fantôme, une poule, un texas ranger ou que sais-je encore, le top étant le cumul de qualités, genre une top-model spécialiste en explosifs et en piratage informatique qui sait lire dans les pensées. Ici, Patrick Jane est un mentaliste : c'est un analyste qui utilise un tas de méthodes basées sur l'observation et la psychologie, qui lui permettent de desceller les failles dans le comportement des suspects potentiels. Suite à l'assassinat de sa femme et de sa fille par un serial-killer (Red John), qu'il avait sciemment provoqué devant des millions de téléspectateurs du temps où il se faisait passer pour un médium, il s'engage comme consultant auprès des forces de l'ordre pour pouvoir exécuter sa vengeance personnelle.

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Alors qu'est actuellement diffusée la saison 7, il est de bon ton de vomir sur cette série au sein de la blogosphère. Le reproche qui revient souvent ? C'est bien sûr que ledit mentaliste ait réponse à tout et soit trop bon analyste pour être crédible ; la palme revenant au fameux épisode dans lequel il conduit une voiture les yeux bandés, rien qu'en percevant la nervosité du passager l'accompagnant. Ce qui est du grand n'importe quoi, on est d'accord. On pointe aussi le fait que sans Patrick Jane, le reste de l'équipe semble un peu mou du genou, sans grand intérêt, presque effacée. Pourtant, dans le genre foisonnant des séries policières américaines, The Mentalist n'est certainement pas la plus mauvaise. D'abord, elle se débarrasse de nombreux tics propres au genre : pas de chanson pop pourrie pour conclure les épisodes, pas d'ordinateurs-trouvent-tout émettant des sons improbables, pas d'héroïsme à deux balles et pas de surcharge d'effets spéciaux tout pourris. Le jeu d'acteur est largement correct, même si Simon Baker est largement placé sur le devant de la scène (ce qui n'est pas pour me déplaire, à moi). Mais tout ceci ne serait pas suffisant à en faire une bonne série. Le véritable intérêt réside dans cet anti-héros qui exaspère tant son monde. Par ses réparties insolentes, il égratigne le verni d'amabilité ou de compassion et perce à jour la véritable nature des suspects en recourant à tout un tas de méthodes peu orthodoxes, donnant ainsi un peu de consistance aux personnages secondaires. Jane possède cette faculté de déraper, s'embourber dans des situations les plus cocasses, incarner de multiples névroses et imaginer une infinité de feintes, sans que l'amusement et/ou la curiosité ne retombe. Mais avant tout, il est également un homme de goût : il apprécie Bach, boit du thé à longueur de journée dans une tasse devenue désormais aussi célèbre que son personnage lui-même, voue une passion aux voitures anciennes, déclame des tirades de Shakespeare et fait preuve d'élégance vestimentaire en toutes circonstances. J'éprouve une profonde empathie pour ce personnage brisé, se dissimulant derrière une carapace d'impertinence, railleur comme un enfant. Ce sont la complexité et le dualité de ce personnage qui le rendent si attachants, finalement.

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A vrai dire, le seul gros défaut de cette série selon moi est d'avoir fait traîner en longueur l'enquête sur Red John, qui est revenue durant cinq saisons de manière aléatoire sans jamais se conclure, comme pour rappeler au spectateur qu'il a une bonne raison de regarder la série pour découvrir la carotte au bout. Il est clair que les producteurs ont tendance à vouloir nous retenir en otage pour faire durer le plaisir, alors que l'intrigue principale aurait pu s'achever en deux saisons, trois peut-être. Néanmoins, The Mentalist a tout de même réussi à m'embarquer jusqu'à cet ultime saison, au gré de ses personnages attachants, de ses enquêtes qui fascinent et amusent, de bons acteurs, d'une BO discrète et agréable, d'un mélange d'humour et de drame, d'un bon compromis entre légèreté et psychologie. Lorsqu'on prend The Mentalist pour ce qu'il est, à savoir une série avec laquelle on ne se prend pas la tête, il reste un divertissement honnête. L'ironie, c'est que quand le vilain monsieur s'avère être médecin dans un service de diagnostic improbable, tout le monde trouve ça génial (moi y compris), alors que si c'est un consultant qui résout des enquêtes criminelles, certains vont trouver ça tout nul. Moi j'en dis qu'il y a du favoritisme, et pis c'est tout.

Bref cette série, somme toute modeste, s'est avérée profondément addictive pour moi, et c'est un plaisir de pouvoir continuer l'aventure chaque mardi soir, avant qu'elle ne se termine définitivement dans un mois.

4 commentaires:

  1. Tu vends bien la série et le personnage. Y a plus qu'à !

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    1. Eh bien oui ! Mais si tu n'adhères pas au principe des séries à cause de leur longueur, je ne suis pas sûre que tu accrocheras sur celle-ci. Elle représente quand même 6 saisons de 24 épisodes et une dernière de 13 épisodes. Ceci dit, tu n'es pas forcément obligés de tous les regarder pour te faire une idée ou pour comprendre le principe, tous les épisodes ne se suivent pas.

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  2. Réponses
    1. Oui, ça te permettra de te faire un meilleur aperçu du personnage. ;)

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