mardi 25 octobre 2016

Miss Peregrine et les enfants particuliers : le retour de Tim Burton.


Pour mémoire, le dernier Burton que j'avais découvert directement au cinéma était Alice in Wonderland, ce supplice d'1h45, durant lequel je n'osais pas sortir pour rentabiliser ma place à 10€. Comme tout le monde ou presque, j'avais été super emballée à ce moment là : parce que Tim Burton, parce que Johnny Depp, parce que surtout Alice au pays des merveilles et sa Reine de Cœur. J'y avais cru dix minutes et j'avais assisté, impuissante, à la démolition d'un mythe incontournable de mon enfance, à grands coups de bons sentiments niaiseux (notamment la chenille qui devient papillon en parallèle de l'héroïne qui devient une femme, je vous raconte pas le délire). Dans cet Alice édulcoré, tout le monde il était beau, tout le monde il était gentil, j'avais même eu envie de prendre la Reine Rouge (une nouvelle appellation bien pourrie, d'ailleurs) dans mes bras pour lui faire un câlin. A la place, j'aurais voulu frémir en l'entendant beugler "Qu'on lui coupe la têêêêêête !", j'aurais voulu une Alice plus effrontée, et un chapelier encore plus fou et moins Jack Sparrow. Quand le film s'est terminé, la déception avait été au rendez-vous, même si j'ai faiblement cédé aux sirènes du second volet cette année, qui était encore pire. 

Alors nous y voilà, Miss Peregrine et les Enfants particuliers marquait pour moi mon retour vers Tim Burton sur grand écran, un retour à la fois attendu et plein de doutes. Alors, que faut-il vraiment en penser ? Burtonophiles, courrez-y tout de suite, mais je pense que les autres peuvent plutôt passer leur chemin.

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"À la mort de son grand-père, Jacob découvre l'existence d'un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s'amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs …  et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre particularité peut sauver ses nouveaux amis."

J'avais de grosses inquiétudes quant au scénario, adapté d'un énième roman pour ados post-Harry Potter, visiblement balisé au possible, qui se veut original et qui ne l'est pas vraiment. Et en effet, n'attendez pas trop d'originalité dans le déroulement, tout ça reste très classique, même pour une novice du genre comme moi. Ceci dit, Miss Peregrine sort bien plus du lot que tous les blockbusters qu'on nous sert à la pelle depuis quelques années, parce qu'il possède un réel intérêt (désolée, mais la plupart des films à gros muscles qui sortent en ce moment n'en ont aucun à mes yeux, lancez-moi des cailloux si vous voulez, j'assume totalement). C'est un film très poétique qui fait du bien, et qui fait appel à beaucoup de références de Tim Burton : le côté insolite d'Edward aux mains d'argent, la loufoquerie de Mars Attack, la noirceur de Sleepy Hollow, le cynisme de Sweeney Todd, la frontière entre rêve et réalité très présente dans Big Fish. J'ai eu l'impression que ce nouveau film venait un peu boucler la boucle, en reprenant à lui seul tous les thèmes qui sont chers au réalisateur. Après un Alice cul-cul, un Dark Shadows marrant et un Big Eyes très réussi, on le retrouve donc dans son style de prédilection, et je n'ai eu aucun mal à reconnaître sa patte dès la séquence d'ouverture. Pour mon plus grand plaisir, évidemment.

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Je suis bien consciente que ce genre d'intrigues ont été maintes fois vues et revues. Miss Peregrine, c'est Harry Potter sans le sorcier à lunettes, pas besoin d'être un grand spécialiste pour le comprendre au premier coup d'œil ; c'est aussi, d'après certains, X-Men sans le côté ultra-moderne. Mais je n'ai jamais recherché l'originalité à tout prix (beaucoup moins que pour les séries, en tout cas), et je préfère amplement qu'un film fasse son job plutôt que de s'éparpiller dans le gros n'importe quoi sous couvert de l'inventivité. Ici, j'ai retrouvé la bonne recette de Tim Burton, celle qui m'embarque avec elle à chaque fois : des personnages décalés et hauts en couleur, de l'humour et de la poésie, de la spontanéité dans la mise en scène et de l'excentricité dans le visuel, de la simplicité et de l'exagération. Là où les amateurs s'y retrouveront tout à fait, les autres y verront sans doute une redondance, à vous de choisir où vous vous situez dans tout ça.

Sur ces bonnes paroles, et comme je n'ai jamais été une admiratrice aveuglée par qui que ce soit, je dois quand même reconnaître que Miss Peregrine n'est pas dépourvu de défauts. Au contraire même, il en cumule quelques uns de taille, à commencer par l'interprétation de Samuel L. Jackson, qui finit par devenir quand même très embarrassant. Je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ignore si c'est un choix scénaristique ou si l'acteur n'a tout simplement pas compris ce qu'il faisait là, mais sa présence devient très vite imbuvable. Pas dans le sens où il incarne un personnage impitoyable qu'on adore détester, mais plutôt dans le mauvais sens du terme : il cabotine, s'éparpille et nous agace à répétition, sa gestuelle et ses intonations sont vraiment inqualifiables. Le pire, c'est que sur ce coup là, je ne suis pas sûre que la VF soit la seule en cause. En ce qui me concerne, je le classerais aisément dans les vilains les moins effrayants et les plus ridicules que j'ai jamais vus.

Quant à la relation nouée entre Jacob et la jeune Emma, elle est à l'image de bon nombre de romances au cinéma : banale, mièvre, convenue. Pas de surprise de ce côté là. Par contre, la surprise a été de taille face à la baston finale sur fond de musique électro-pop à la David Guetta. Fan ou pas, personne n'a vraiment envie de subir ça.

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Rien que ce screenshot en dit long.

Pour ce qui est du casting, on se réjouit heureusement des interprétations de tous les autres, et notamment d'Eva Green (possible nouvelle muse après Helena Bonham Carter ?), qui crève l'écran à chacune de ses apparitions. Judi Dench, Asa Butterfield et Terence Stamp (peu présent, mais efficace) ne sont pas non plus en reste, incarnant leurs personnages avec justesse et émotion. Dommage que Danny Elfman n'ait pas pu accompagner tout ça et que le travail ait été confié à un autre musicien, ça aurait pu être plus planant encore.

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Je pense que pour apprécier Miss Peregrine, il faut d'abord être dans le bon état d'esprit, le regarder avec son âme d'enfant impressionnable, et être déjà conquis par l'univers particulier de Tim Burton. Ce n'est pas vraiment celui que je vous conseillerai pour découvrir le cinéaste en douceur, on sent qu'il s'est plutôt bien fait plaisir et qu'il a extériorisé son côté déjanté à fond. En parlant d'enfants d'ailleurs, évitez d'emmener les vôtres s'ils n'ont pas au moins 12 ans, autrement vous serez contraints de leur expliquer quelques passages un peu gênants (je suis sûre que vous vous en passerez très bien, et eux aussi).

1 commentaire:

  1. Curieux de voir. Au moins avec Burton, j'ai l'effet de surprise, je ne sais jamais si ça va me plaire ou pas.

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