jeudi 5 mai 2016

"Mr Mercedes", ça roule plutôt bien.

Je l'écris sans honte, je considère Stephen King comme l'un des seuls vrais grands auteurs populaires mondiaux, c'est à dire quelqu'un qui sait raconter quelque chose d'intelligent à la portée de tous, sans pour autant tomber dans la facilité (même si son approche ultra détaillée de personnages parfois secondaires peut rendre quelques passages par ci par là un peu indigestes). Ici, on va pourtant à l'essentiel, et ce livre pourrait être résumé à "faire du Stephen King sans faire du Stephen King". C'est bien lui et, à la fois, c'est tout de même différent.

Afficher l'image d'origine

La couverture est assez sympa, s'ancrant directement dans l'esprit du récit, malgré le gros spoiler que peut déjà révéler le thème. Au moins, celui-ci n'est-il pas mensonger, contrairement à celui de Joyland, qui a carrément surestimé l'intrigue, créant une grosse déception chez de nombreux lecteurs. 

Dès le premier chapitre, King ne lésine pas sur les détails et sur la profondeur des personnages. On y plonge dans un coin d'Amérique comme tant d'autres, rongé par la crise économique, et notamment par le chômage. Pendant quelques secondes, j'ai craint la critique facile et inutile de notre société actuelle, dont pas mal d'auteurs peuvent être friands en ce moment, mais heureusement l'écrivain d'horreur n'est jamais loin. C'est qu'en prenant un bouquin, je ne veux pas avoir la désagréable impression de regarder le JT, je suis là pour me détendre et flipper, voyez-vous. 

Bill Hodges est un flic à la retraite, finalement assez classique dans le registre du polar, rappelant vaguement Harry Bosch dans la saga de Connelly ; en revanche, le tueur est un psychopathe fou furieux comme seul Stephen King sait les décrire. Néanmoins, l'horreur prend un visage très moderne, sur fond de piratage informatique et de déficience du lien familial. L'enquête piétine, le récit alternant alors entre les pensées de Hogdes et celles de Mr Mercedes. A travers la psychologie des personnages, Stephen King s'interroge encore une fois sur la folie d'un tueur, la dépression chronique d'une jeune angoissée, les idées suicidaires d'un vieux flic : qu'avons-nous raté ? Qu'aurions-nous pu faire pour éviter d'engendrer des milliers de Mr Mercedes ? Pourquoi notre vie semble-t-elle autant nous échapper à un moment ou à autre ? Quel est cet air du temps qui nous oblige à prendre des petites pilules de bonne humeur par dizaine ? Et d'un autre côté, une note d'espoir se remarque de plus en plus dans les chapitres finaux de ses œuvres, contrairement aux bouquins précédents qui ne se terminaient jamais vraiment dans la joie et l'allégresse.

J'ai également apprécié les références à Ça et Christine : ses premiers livres, ses plus grands succès ... Un retour aux sources parmi un changement de style radical. Pour ma part, j'avoue préférer Stephen King pour ses thrillers noirs et minimalistes, dépourvus de créatures étranges ou de paf paf boum boum avec des martiens. Mr Mercedes n'arrive certes pas à la cheville de Misery (sans mauvais jeu de mots), La ligne verte, Shining, ou encore Bazaar, mais reste cependant un excellent thriller tout plein de bonne tension. Cela dit, je ne peux pas m'empêcher de penser que l'idée d'une adaptation sur grand écran ait un peu titillé King et influencé le déroulé de l'histoire.

Un trailer récapitulant les œuvres majeures de l'écrivain avait même été mis en ligne à l'occasion de la sortie de Mr Mercedes :

2 commentaires:

  1. En espérant que les suites soient égales voire supérieures. Et en attendant une certaine animation sur les adaptations ciné du Maître ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Je suis une fan de Stephen King. Mais ce livre me laisse perplexe. D'accord, il s'essaie dans un genre différent et pourquoi pas? Sauf que je ne le reconnais pas dans le style d'écriture qui fait que c'est du Stephen King. je me demande même si c'est bien lui qui a écrit cette histoire.

    RépondreSupprimer